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La synthèse organique: un art en pleine évolution

Article paru dans l'Actualité Chimique N°265 - avril-mai 2003
Rédigé par Normant Jean

La synthèse organique est certainement le domaine clé de la chimie organique, et le plus envoûtant par ses perspectives sans fin de création. Son nom est en fait équivoque aujourd’hui, car si le but ultime est de créer une molécule organique, la démarche implique toutes les facettes de la chimie~: théorique, physique, analytique, inorganique… Toutes concourent à l’élaboration d’un enchaînement carbone-carbone, fonctionnalisé, avec toutes les géométries locales souhaitées par l’artiste. Nombreux maîtres en la matière (Woodward en particulier) ont insisté sur l’aspect artistique de cette science qui, à côté de la rigueur scientifique, implique une grande qualité d’observation, d’adresse expérimentale (le tour de main…), et d’intuition dans les choix à opérer entre de multiples possibilités. La synthèse assistée par ordinateur tente, non pas de plagier, mais d’aider ce choix.

Seuls les non-initiés peuvent croire qu’il s’agit d’une science mature, arrivée à son épanouissement, autrement dit sans avenir, sans besoin d’aide financière importante, de la part de l’industrie ou de l’État, comparée par exemple à la biologie. Or, il se trouve que tous les projets en sciences de la matière se heurtent à l’accès inéluctable à des molécules nouvelles dont on attend des propriétés physiques ou physiologiques remarquables… mais que l’on ne sait pas faire, ou bien que l’on peut faire à un coût prohibitif (réactifs, solvants, durée, rendements globaux, isolement du produit, formation indésirable de nombreux sous-produits, pollution…).

Ce remarquable numéro spécial de L’Actualité Chimique a pour but de montrer, sur un nombre limité d’exemples, combien la «synthèse» est toujours en pleine évolution comme elle l’était au lendemain de la deuxième guerre mondiale, mais selon des axes qui ont été profondément modifiés~: par exemple, l’emploi de nouveaux solvants et milieux réactionnels, de supports solides menant à la chimie combinatoire, le développement exponentiel des organométalliques, la catalyse homogène, en particulier énantiosélective, l’élaboration d’auxiliaires chiraux, l’accès aux matériaux conducteurs, la synthèse ou l’hémisynthèse de médicaments qui ont évolué de façon prédominante. La synergie entre physiciens ou biologistes et «gens de synthèse» est le moteur le plus efficace de cette évolution.

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